Si vous avez lu mes précédents billets dédiés à la thématique du surpoids et à la compréhension de ses multiples facettes, vous avez déjà compris que, face à celui-ci, l’approche naturopathique ne consiste pas à proposer un Xème régime amaigrissant.
Après avoir envisagé le contexte sociétal et l’histoire personnelle ou familiale dans laquelle est peut-être ancrée la problématique de surpoids, nous avons récemment évoqué le rôle fondamental de l’intestin dans une démarche de perte de poids.
Je vous propose aujourd’hui d’aller plus loin dans la compréhension de ce qui fait que, sur le plan alimentaire, une personne est davantage apte à maîtriser sa ligne qu’une autre.
Oublier les régimes!
Un régime amaigrissant vise, durant une période de temps déterminée, à poser des restrictions alimentaires en vue de perdre du poids. Une période de stabilisation est généralement prônée dans le prolongement de celui-ci.
Toutefois, le constat est sans appel : 95% des régimes ne font qu’entrainer les personnes qui s’y contraignent dans un effet yoyo, aboutissant à une reprise de poids, parfois plus importante (chiffre de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’alimentation).
Cela s’explique notamment par l’effet d’une restriction sur le métabolisme basal, c’est à dire sur « l’énergie dépensée par l’organisme pour assurer uniquement ses fonctions essentielles, telles que la respiration et l’activité des organes au repos » (Marieb & Hoehn). C’est donc l’énergie que nous demande notre organisme pour être en vie, digérer, maintenir sa température, etc. en dehors de tout effort, que l’on soit éveillé ou endormi.
Pour un adulte, le métabolisme basal requiert environ 60% des dépenses énergétiques totales de l’organisme. Autant dire qu’il est crucial dans le contrôle du poids! Or, les régimes restrictifs ont pour effet de ralentir celui-ci, un peu comme un téléphone portable se met en mode ‘économie’ lorsque sa batterie passe sous un certain seuil d’énergie disponible.
Comprenant qu’il a moins d’énergie à sa disposition, l’organisme soumis à un régime amaigrissant va s’adapter pour maintenir ses fonctions vitales avec moins d’énergie. Lorsque la période de restriction prendra fin, sa priorité sera de reconstituer sa réserve énergétique que sont les graisses. D’où l’effet yoyo aboutissant à une reprise de poids plus importante.
Entraîné dans des régimes à répétition, le corps se maintiendra dans un métabolisme basal réduit et apprendra à ne pas trop « brûler » les calories apportées dans l’alimentation.
Les trois ingrédients indispensables à une perte de poids durable
Inscrire une perte de poids dans la durée, c’est réinventer son rapport à l’alimentation sur le long terme, réapprivoiser ses sensations, ses envies, se détourner de l’idée de restriction, pour intégrer les trois ingrédients indispensables à la maîtrise du poids : conscience, apaisement et joie.
Ingrédient n°1 : la conscience
Manger ne devrait pas être un impératif parmi tant d’autres, accompli à la hâte dans un emploi du temps minuté, parfois en mode « muli-tâches ». Même si l’on ne se donne que quelques minutes pour manger, c’est important d’en faire un moment d’arrêt, de présence.
On prendra conscience tout d’abord de la sensation de faim (estomac qui gargouille, hypersalivation, hypoglycémie,…) et on s’assurera, pour bien faire, qu’elle est présente. Devancer les signaux de la faim et manger simplement parce qu’il est l’heure de manger pour nos semblables ou parce que l’on veut éviter d’avoir faim un peu plus tard, c’est méconnaître les besoins de l’organisme à cet instant. Les apports de nourriture ont alors toutes les chances de ne pas être utilisés et d’être stockés.
Mettre de la conscience dans l’acte de manger, cela signifie aussi être attentif, en cours de repas, à ressentir la satiété et à ne pas aller au delà. C’est une sensation qui peut être très subtile au début, et qui peut arriver avant de terminer son assiette. La mastication et le fait de mettre quelques secondes entre les bouchées aident à la détecter et à la ressentir plus rapidement.
Outre le fait d’apporter au corps la quantité d’énergie dont il a besoin et pas plus, l’attention portée à ce que l’on mange recèle un pouvoir très puissant, qui se déploie sans effort : celui de nous faire de plus en plus choisir des aliments frais, savoureux, cultivés ou élaborés dans le respect du vivant, des aliments qui répondent au mieux aux besoins que l’on discerne, au fil du temps, de plus en plus précisément.
Ingrédient n°2 : l’apaisement
La conscience amenée dans le rapport à l’alimentation permettra aussi de discerner les véritables faims des faims plutôt émotionnelles. On comprend alors que l’on recherche parfois davantage le réconfort dans la nourriture plutôt qu’une réponse à un besoin physiologique.
Reconnaître la faim émotionnelle et s’autoriser à y répondre avec conscience et bienveillance a bien moins d’impact sur la balance que le fait de culpabiliser pour ce petit gâteau que l’on vient d’engloutir ou de se dire que, puisque l’on a craqué, autant craquer pour de bon et dévorer le reste du paquet! Lorsque l’on sait que ce que l’on s’accorde dans l’instant, c’est un « doudou émotionnel », cela permet de passer à autre chose, et peut-être, un peu plus loin, de travailler sur le pourquoi de celui-ci, sa fréquence, le contexte dans lequel il s’intègre, l’émotion dont on n’entend peut-être pas le message lorsqu’on la fait taire par la nourriture,…
Lorsque le poids de l’interdit est levé sur certains aliments -qui relèvent plutôt de la « junk-food » mais ont un effet réconfortant-, leur pouvoir tentateur peut très vite s’évanouir…
Ingrédient n°3 : mettre de la joie dans l’assiette
Cet ingrédient se marie à merveille avec les deux précédents! Tout le monde n’est pas fan des longues préparations culinaires, tout le monde n’a pas des heures à passer à la conception des repas, mais tout le monde peut mettre de la joie dans son assiette : chercher à varier les couleurs, les textures, apporter des herbes aromatiques parfumées, se réjouir de faire vivre un petit producteur local à travers les ingrédients choisis,…
Cultiver la joie dans l’assiette, cela ne demande aucun effort, mais le changement s’opère inévitablement : le cru s’invite de plus en plus souvent, avec son cortège de fibres bénéfiques à la gestion du poids, les quantités se réduisent, les aliments trop transformés perdent de leur attrait, etc.
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Loin de moi l’idée de vous proposer ces trois ingrédients comme LA recette magique de la minceur. Comme je vous l’indiquais dans le premier billet de cette série, il sera probablement nécessaire de jouer sur plusieurs curseurs pour inscrire la perte de poids dans la durée. Mais ces nouvelles habitudes constituent certainement l’un des curseurs sur lesquels cela vaut la peine de jouer !