Le B.A.-BA de la détox de printemps, ou comment soutenir la capacité naturelle du corps à se dépolluer
Bien qu’elle soit encore fort timide cette année, l’arrivée du printemps emporte avec elle des envies de renouveau, de pureté, de balayer l’ancien et d’ouvrir grand les fenêtres pour laisser entrer la fraîcheur et les exquises odeurs de la nature en éveil. L’énergie de retrait de l’hiver fait place à une nouvelle légèreté : tout doucement, nous nous sentons plus enclins à l’extériorisation, au mouvement, à sortir de notre tanière, à faire du sport,…
Le printemps est par excellence la saison du nettoyage de l’organisme, de la « détox ». Ce n’est pas un hasard si c’est à cette saison que l’on retrouve à profusion plantes, légumes primeurs ou autres nutriments aux vertus drainantes et détoxifiantes : jeunes orties, ail des ours, pousses de pissenlit, asperges, radis, cresson, sève de bouleau,…
C’est aussi à cette saison que florissent sur les comptoirs des (para)pharmacies toute une série de produits « détox » ou cures drainantes aux promesses séduisantes. Le marketing de la détox sort le grand jeu des effets miracles à peu d’efforts!
Si beaucoup connaissent les vertus détoxifiantes des produits printaniers, la façon de bien mener une détox (c’est-à-dire d’éviter les troubles liés à une crise d’élimination, voire d’intoxiner davantage l’organisme) est souvent ignorée, l’objectif poursuivi trop vaguement déterminé (quel organe drainer ? pourquoi ?) et l’approche incomplète (que deviennent les toxiques remis en circulation?) ou pas assez individualisée.
Pourquoi la détox ?
Mais au fond, de quoi faudrait-il se détoxiquer ou détoxiner ?
Commençons une précision de langage : la détoxination concerne les toxines générées par l’organisme lui-même, tandis que la détoxication consiste à faire face aux polluants de l’environnement, extérieurs à l’organisme, mais s’y retrouvant par le biais de l’alimentation, de l’air inhalé, de la peau, de la médication ou de la contraception.
Nul n’y échappe : le simple fait d’être et de se maintenir en vie génère quantité de déchets dans l’organisme, que ce soit sous l’effet du renouvellement de nos cellules -chaque jour, l’organisme doit évacuer des milliards de cellules mortes-, de nos hormones, ou sous l’effet de la dégradation et de la transformation en substances assimilables des nutriments dont nous nous nourrissons. Prenons un exemple : la tranche de jambon que nous venons de manger fournira à notre corps des acides gras qui pourront servir de combustible pour générer de l’énergie, et des acides aminés avec lesquels notre organisme fabriquera de la dopamine ou des cellules musculaires. Si ce processus assure notre subsistance, il produit collatéralement différents déchets plus ou moins toxiques (soit, pour notre tranche de jambon, de l’acide urique, sulfurique, de l’ammoniac,…).
Par ailleurs, sans même parfois le savoir, nous ingérons, respirons ou appliquons sur notre peau une quantité impressionnante de substances « polluantes » qui s’accumulent dans notre corps : colorants et additifs chimiques, résidus de pesticides, parabènes ou triclosan des produits d’hygiène et cosmétiques, composés perfluorés des tissus, médicaments, contraceptifs, métaux lourds (on regroupe tous ces éléments sous le terme de « xénobiotiques »).
Le stress, les chocs psychologiques, la fatigue, la ménopause, l’activité physique intense ou insuffisante, contribuent eux aussi, sous des formes diverses, à l’encombrement de l’organisme.
Face à ces « encombrants », nous ne sommes pas dépourvus : notre corps est équipé d’organes spécifiques spécialisés dans l’évacuation des déchets et que l’on appelle les émonctoires. Notre « recypark interne » ultrasophistiqué. Les principaux organes émonctoires sont le foie, les intestins, les reins, les poumons et la peau.
Bien que chaque organe émonctoire se charge d’une partie du travail de détoxification, la tâche devient parfois trop lourde. Notre organisme n’est pas spécialement conçu pour faire face aux dizaines de milliers de nouvelles substances chimiques apparues depuis la révolution industrielle. Bien souvent, les émonctoires sont dépassés, n’assument plus toutes leurs fonctions. Les déchets s’accumulent, le sang s’alourdit, la lymphe et les liquides dans lesquels baignent nos cellules deviennent plus épais.
Les premiers signes de surmenage des organes émonctoires peuvent apparaître sous forme de migraines, céphalées, douleurs diverses, infections récidivantes (rhumes, bronchites, …), transit intestinal irrégulier, problèmes cutanés, fatigue inexpliquée, état dépressif, baisse du tonus, mauvais sommeil, fatigue au réveil, excès de poids, mauvaise haleine, bouche amère, goût métallique, …
Les fondamentaux de la détox
Lorsque l’on parle de détox, on se réfère souvent à la stimulation et au soutien, au moyen de préparations à base de plantes, des organes émonctoires, principalement le foie et les reins (les séduisantes promesses de produits de (para)pharmacie).
Néanmoins, une détox devrait avant tout viser (ou comporter comme étape préliminaire fondamentale) à soulager des organes émonctoires par la réduction des polluants et des apports susceptibles de produire beaucoup de déchets (produits raffinés, calories « vides » des viennoiseries, biscuits, bonbons et pains industriels, protéines animales en grandes quantités, alcool,…) de manière à permettre à ces organes de faire leur travail sans s’épuiser à la tâche. Cette recommandation ne vise bien entendu pas les traitements médicamenteux prescrits par le médecin, qui ne doivent en aucun cas être réduits ou arrêtés sans l’avis de ce dernier.
L’initiation de la détox consiste donc à soigner l’alimentation (bio, préparée à partir de produits frais et comportant une très large part végétale et de fibres), à supprimer les toxiques, à adopter des produits d’hygiène et cosmétiques naturels, à se tenir le plus éloigné possible du stress, des poisons émotionnels, et à s’octroyer du repos.
Les organes émonctoires, et singulièrement le foie, seront aidés dans leur travail d’élimination par l’apport des nutriments nécessaires aux processus complexes de détoxification, qui se déroulent en plusieurs étapes et nécessitent un travail d’équipe bien coordonné entre :
- des protéines à haute valeur biologique (c’est-à-dire qui contiennent tous les acides aminés essentiels en quantité et proportions adéquates) : amarante, avocat, chou-fleur, épinards, haricots blancs, quinoa, patates douces, soja, tofu, kaki, kiwi ;
- des aliments riches en antioxydants : persil, haricots rouges, zestes d’agrumes bio, chou vert frisé cru, légumes verts crus, chou rouge, raisins, petits fruits rouges, goyave, chocolat noir (85%) ;
- des sources de glutathion: avocats, asperges, brocolis, épinard, pourpier, ail, thé vert, jus de grenade, pamplemousse ;
- des aliments riches en taurine: lait de brebis, algues rouges
- un certain acide aminé, la cystéine, présente dans les graines de tournesol, l’avoine, la spiruline.
Les risques d’une détox mal guidée
Une stimulation trop rapide de la détox peut causer un phénomène de « crise d’élimination », caractérisé par des migraines, des nausées, des vomissements, des éruptions cutanées,….Elle pourrait même s’avérer contre-productive et néfaste chez une personne carencée dans les nutriments énoncés ci-dessus, ou chez qui les différentes phases de la détox ne sont pas équilibrées, laissant dans l’organisme des polluants circulants pouvant entraîner des lésions ou mutations cellulaires.
L’utilisation prématurée ou prolongée, ou encore en quantités inadéquates, de plantes drainantes risque d’épuiser les organes émonctoires et de déminéraliser l’organisme. Le recours aux plantes de la détox se fera donc de manière limitée dans le temps et bien conseillée. Il est par ailleurs important de s’informer sur les éventuelles contre-indications des plantes choisies, car l’efficacité de certaines d’entre elles peut s’avérer proportionnel au risque d’effets indésirables.
Enfin, l’apport massif en micronutrition de certains éléments a priori favorable (comme des antioxydants) peut également fatiguer l’organisme et justement diminuer sa capacité à moduler adéquatement la nécessité de réponse anti-radicalaire.
Contre-indications à la détox
La détox est déconseillée (ou devrait se faire sous les conseils d’un praticien de santé) en cas de :
- constipation chronique ou intestin fragile
- maladies gastro-intestinales chroniques
- diabète
- carences alimentaires
- dépression, burn-out
Elle est formellement contre-indiquée en cas de grossesse et d’allaitement.
Les effets d’une détox bien menée
Bien menée, et éventuellement soutenue par des plantes et micronutriments bien choisis, la détoxification va permettre au corps de:
- déloger des déchets et toxiques qu’il ne parvient pas à évacuer en temps normal (souvent « mis de côté » dans les graisses où ils sont (pour un temps) moins nocifs);
- régénérer les tissus des organes et des muscles;
- purifier les liquides dans lesquels baignent les cellules et améliorer le fonctionnement de celles-ci ;
- évacuer efficacement les toxiques dans les urines ou la bile
Ce « nettoyage », pratiqué 1 à 2 fois par an, peut soulager ou prévenir les troubles dits « d’encrassement » : allergies, rhumatismes, arthrose, troubles cutanés, infections à répétition, syndrome prémenstruel, douleurs inexpliquées, sommeil non récupérateur, inflammations,…
Débarrassé d’une partie des déchets qui l’encombrent, l’organisme est plus à même de remplir ses diverses fonctions que sont la production d’énergie, les défenses immunitaires, la synthèse d’hormones, de neurotransmetteurs, de vitamines,…