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COVID-19, 5G et autres sujets sensibles: le clivage entre bien-pensants et complotistes

La période que nous vivons actuellement m’interpelle à plus d’un égard. Elle questionne notamment, de manière assez profonde, la recherche du vrai. Ce n’est pas tant le déploiement d’information et de (prétendues) fausses informations (« fake news ») -que ce soit à propos de la pandémie de COVID-19 ou de la 5G- qui me rend perplexe, mais plutôt le clivage que je vois se dessiner, y compris dans les journaux réputés sérieux, entre les personnes « bien pensantes et bien informées » et celles qui seraient prises dans des théories fantaisistes ou complotistes, dont la diffusion d’idées représente un danger.

Dans ce contexte, les publications des naturopathes, bien qu’appréciées par un large public, sont parfois épinglées du côté obscur de l’information. Mon but ici n’est certainement pas de défendre aveuglément des positions qui ne m’appartiennent pas, et encore moins de légitimer les informations les plus saugrenues, mais d’inviter chacun à continuer à exercer lui-même son esprit critique et son libre arbitre, au delà de certaines formules toutes faites.

Récemment, dans le journal « Le Soir », une naturopathe qui se demandait pourquoi les médias, au sujet du COVID-19, ne relayaient pas davantage d’information d’ordre préventif a été métaphoriquement brûlée sur le bûcher, à coup de cinglants arguments d’autorité. Le journal écarte l’affirmation selon laquelle renforcer son système immunitaire de façon naturelle serait bénéfique face au SARS-COV-2, dans la mesure où le virus induirait justement une réaction excessive du système immunitaire au niveau pulmonaire.

Aurions-nous donc perdu toute possibilité d’agir préventivement sur notre santé face à ce genre de virus, qui serait par ailleurs plus ou moins virulent selon notre patrimoine génétique? Les naturopathes ont encore plusieurs pistes à proposer à ceux qui n’apporteraient pas une réponse définitivement affirmative à cette question. Que l’on ne s’y méprenne pas: il ne s’agit en aucun cas de remplacer le rôle du médecin, seul habilité à poser un diagnostic et à prescrire un traitement médicamenteux s’il l’estime justifié. La naturopathie se propose par contre d’agir essentiellement en amont des symptômes de la maladie, en favorisant la compréhension des mécanismes qui sont à l’oeuvre et de l’extrême finesse de fonctionnement du système immunitaire, interagissant étroitement avec les autres systèmes de l’organisme, dont le système nerveux.

Un système immunitaire efficient est ainsi un système immunitaire à la fois apte à:

  1. éliminer les micro-organismes pathogènes (virus, parasites, certaines bactéries,…) ou une cellule devenue cancéreuse;
  2. réguler son activité pour éviter de « s’emballer », et de donner lieu à des phénomènes inflammatoires qui perdurent plus que nécessaire, à des allergies et maladies auto-immunes.

Il existe des moyens naturels, et surtout des habitudes de vie, capables d’optimiser chacun de ces aspects. A titre illustratif, veiller aux apports dans l’assiette des bons acides gras, dans les proportions adéquates, va permettre, au départ de ceux-ci, la production de certaines prostaglandines et thromboxanes ayant un rôle biochimiquement fondamental dans la réponse immunitaire et dans la réduction des manifestations inflammatoires. Réactiver un système nerveux parasympathique paralysé par le stress permet à la voie cholinergique anti-inflammatoire de jouer son rôle et d’inhiber la sécrétion de cytokines pro-inflammatoires. Ce ne sont là que quelques exemples.

Qu’il s’agisse du COVID-19, de 5G ou de tout autre sujet sensible, le danger, à l’autre extrémité de ceux qui font feu de tout bois pour crier au complot, est plus insidieux: il s’agit de laisser son libre-arbitre n’être guidé que par l’avis des « experts autorisés » ou par les informations relayées par les médias reconnus comme les plus sérieux, ainsi aptes à lisser l’information valide, et de ne plus laisser son questionnement faire son chemin vers sa propre recherche du vrai, de ne plus exercer soi-même son esprit de pionnier, d’explorateur, comme Bertrand Piccard y invite dans son livre « Changer d’altitude »:

« La liberté, la vraie, ne consiste pas à pouvoir tout faire, mais à pouvoir tout penser. A penser dans toutes les directions et à tous les niveaux à la fois, sans aucune restriction. Pour être libres, nous devons êtres capables de voler dans toutes les directions ; avoir à notre disposition toutes les lignes possibles à toutes les altitudes pour choisir à chaque instant laquelle nous voulons suivre ».

En ce qui concerne le risque de pathologies liées aux ondes, les juges de la Cour d’appel de Turin, dans un arrêt du 14 janvier 2020, ont eu l’audace de mettre de côté les avis des « experts autorisés » en confirmant, au terme d’une analyse impliquant d’autres sources, le lien de cause à effet entre l’utilisation du téléphone mobile et le neurinome de l’acoustique développé par un employé de Telecom Italia, condamnant cette dernière à indemniser son employé, et jugeant « qu’une grande partie de la littérature scientifique excluant la cancérogénécité est en situation de conflit d’intérêt« (1).

Exercer son esprit d’explorateur, c’est encore oser s’ouvrir aux points de vue plus controversés, ne fut-ce que pour étendre le champ du questionnement et muscler son esprit critique. C’est pouvoir se demander si, telle Cassandre empêchée à jamais par Apollon d’être prise au sérieux dans tout ce qu’elle dirait, y compris lorsqu’elle prévient du danger du cheval de Troie, la personnalité discréditée par ses pairs ou ne répondant pas aux critères de crédibilité du plus grand nombre n’a pas malgré tout quelque chose à nous apprendre…

(1) https://www.hoganlovells.com/en/publications/causal-link-between-mobile-phones-and-brain-tumour-a-new-decision-revives-the-debate