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La méditation : 3 idées reçues à son sujet

La méditation pourrait à elle seule faire l’objet d’un blog sur plusieurs années tant il y a à en dire, et surtout à en expérimenter. Beaucoup de faux à démêler du vrai également. Les initiations, ouvrages, conférences et retraites sur le sujet se multiplient, sans doute de manière proportionnelle au besoin qu’ont de plus en plus de personnes à renouer un lien avec elles-mêmes. Dans ce premier article d’une série sur ce thème, j’ai choisi d’aborder 3 grandes idées reçues à propos de la méditation, pour approcher à travers elles ce qu’est réellement celle-ci, et la démystifier quelque peu.

Méditer, c’est faire le vide

Faux. On pense souvent que méditer, cela consiste à se mettre dans un état sans pensée, à faire le vide au niveau du mental. Ceux qui ont déjà tenté l’expérience savent à quel point c’est difficile, et, pour cela, beaucoup écartent d’emblée l’idée de méditer: «je suis incapable de ne pas penser! Ma tête bouillonne d’idées sans arrêt!». Les cycles d’apprentissage de la méditation insistent peut-être trop sur le fait de «faire cesser le bavardage mental», donnant l’idée qu’il s’agit là d’une prémisse indispensable pour entrer en état de méditation. Or, il s’agit plutôt d’une conséquence de la pratique, et ce n’est même pas un but à atteindre en soi. Tant mieux si cela se produit, mais le fait que la méditation soit ponctuée de pensées n’est absolument pas un problème, et n’en est pas dénaturée pour la cause.

Plutôt qu’à faire le vide, la méditation vise à développer un état de présence: aux pensées qui nous submergent, aux émotions qui nous traversent, aux sensations physiques. Cette présence intensifiée à soi permet de briser l’habitude que nous prenons sans nous en rendre compte de nous identifier à nos pensées ou émotions, et, par là, de nous laisser emporter par elles. Un espace plus vaste s’ouvre, à l’intérieur duquel nous pouvons prendre conscience de ce qui nous habite, et choisir de nous en désengager, ou l’explorer plus avant, mais alors sans juger ni chercher à analyser ce que l’on explore. En un mot, méditer consiste à entrer dans une relation plus libre avec le mental, à sortir de son emprisonnement.

«Dès l’instant où vous vous mettez à observer le penseur, un niveau plus élevé de conscience est activé et vous comprenez petit à petit qu’il existe un immense royaume d’intelligence au-delà de la pensée et que celle-ci ne constitue qu’un infime aspect de cette intelligence» Eckhart Tolle.

La méditation est affaire de religion

Pas nécessairement. Méditer n’est pas prier. La prière pose un but, une intention, une demande. La méditation se pratique sans aucune attente. Méditer, c’est s’ouvrir sans condition et sans but à l’instant présent. Peu importent les croyances religieuses ou l’absence de croyances religieuses. Plutôt que de s’élever vers quelque déité, la méditation invite à reconquérir son intériorité -un territoire peut-être tout autant abandonné que les églises aujourd’hui- pour y découvrir une connaissance qui va au-delà des capacités cognitives, des processus mentaux, des convictions. On peut appeler cette connaissance l’intuition, l’inconscient, l’âme, l’Être, la Source ou Dieu. La qualification reste du domaine des processus mentaux.

À cet égard, Fabrice Midal partageait récemment dans un entretien que la dimension spirituelle la plus profonde de la médiation est atteinte lorsqu’on laisse tomber les injonctions religieuses, culturelles et sociales pour entrer en lien avec une dimension plus profonde. Il y a en nous quelque chose qui sait et qui ne se trompe pas. Méditer, c’est entrer en lien avec cela.

La méditation est un refuge à l’écart du monde

Lorsque l’on va mal ou que la relation à certaines personnes est difficile, on pourrait rechercher dans la méditation un havre de paix où l’on se distancie de ce qui fait souffrir. Selon moi, la méditation pratiquée dans cette perspective est un leurre et s’apparente plutôt à la négation de ce que nos ressentis ont à nous apprendre. Le danger est alors de creuser l’écart avec le monde, mais aussi avec soi. L’effet bienfaisant d’une telle pratique ne dure qu’un temps -peut-être le temps d’un nécessaire repli sur soi, le temps de reprendre une bouffée d’oxygène-: tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre, ce que nous aurons cherché à tenir loin de nous reviendra, avec davantage de force.

Certes, lorsque l’on médite, on se tient souvent à l’écart du monde. Mais c’est pour mieux y revenir. La présence cultivée en méditation s’étend au lien avec ce qui nous entoure et développe une manière d’être aux autres plus attentive. La compassion, la bienveillance et l’altruisme peuvent aussi se travailler en méditation pour imprégner davantage toute la vie du pratiquant, même -et surtout- lorsqu’il n’est pas assis sur son coussin de méditation!

« Ecouter les messages de notre vie intérieure, prendre soin de soi, marcher avec nos valeurs et cultiver l’altruisme: voilà quelques pistes pour mieux vivre avec nos émotions. Cette manière de vivre sera aussi un chemin pour être relié de manière plus harmonieuse avec le monde qui nous entoure ». Ilios Kotsou

Pour entrer dans la pratique méditative, ou l'approfondir, je recommande tout particulièrement le livre:
Méditer, jour après jour, de Christophe André, Editions L'Iconoclaste, 2011